Pälden Gyatso : LE FEU SOUS LA NEIGE

Publié le par Michèle

Le feu sous la neige : mémoires d'un moine tibétain
Palden Gyatso
Editions Actes Sud
Babel (333 p.) 1998

Libéré en 1992 après 32 ans d'emprisonnement dans les prisons chinoises, le Vénérable Palden Gyatso, moine tibétain, raconte ici, à la demande de S.S. le Dalaï Lama qui préface le livre, l'enfer qu'il y a connu.
Voici comment il conclut :
"Cette même année [1995], je me rendis à Genève pour témoigner devant la Commission des Droits de l'Homme des nations unies. On me conduisit dans une immense salle où je pris place à côté de deux jeunes traducteurs tibétains. Les gens déambulaient dans la pièce en bavardant et je me demandais comment quiconque allait pouvoir entendre ce que j'allais dire. Je pris une profonde inspiration et commençai à lire mon rapport.
" Je m'appelle Palden Gyatso. Je suis devenu moine à l'âge de dix ans."
J'attendis d'avoir fini pour lever les yeux. Ce fut alors que je remarquai la délégation chinoise assise devant moi, tout ouïe. Tout ouïe ! Cela me procura un vif sentiment de liberté, j'aurais donné cher pour que tous mes camarades de détention fussent là pour assister à cette scène, car nous avions tous rêvé de nous retrouver un jour face à nos persécuteurs pour qu'ils écoutent notre témoignage. J'étais le premier prisonnier tibétain à avoir l'occasion de m'exprimer devant les Nations unies. Par conséquent, je savais que je ne parlais pas seulement pour moi-même, mais au nom de tous les tibétains encore emprisonnés et de tous ceux qui l'avaient été. Les délégués n'avaient entendu que ma voix, mais elle exprimait la souffrance de milliers de prisonniers qui n'avaient pas survécu pour pouvoir témoigner comme je venais de le faire.
La délégation chinoise ne répondit pas à ma déclaration, mais quelque temps plus tard, à Londres, on me montra une lettre que l'ambassadeur chinois en Grande-Bretagne avait adressée à un journal britannique. M. Ma Yuzhen avait écrit : "Palden Gyatso était un criminel qui s'est obstiné à se livrer à des activités antigouvernementales. Les crimes qu'il a commis incluent des actions visant à renverser le gouvernement, une tentative d'évasion et un vol. Son récit relatif aux tortures que lui auraient fait subir les gardiens en prison est sans fondement. La torture est interdite dans les geôles chinoises."
Les oppresseurs ne reconnaîtront jamais qu'ils sont des oppresseurs. Je ne peux que témoigner et écrire ce que j'ai vu et entendu : l'étrange voyage qu'a été ma vie. La souffrance s'inscrit en toutes lettres dans les vallées et les montagnes du Tibet. Chaque village, chaque monastère du pays des neiges a sa propre histoire de cruautés infligées à nos concitoyens. Cette souffrance se prolongera jusqu'à ce que le Tibet soit libre.

Palden Gyatso présentant les armes dont se servaient les gardiens.

Lire également ici :

http://www.dromeardeche-tibet.org/temoignages.htm

www.tibet-info.net/www/La-torture-au-Tibet.html

Publié dans Lectures

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